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En Tanzanie, les Masai sont rejetés hors de leurs terres au nom de la protection de la nature

May 10, 2018
Source
Le Monde

Marion Douet

Un rapport du Oakland Institute dénonce des intimidations envers les éleveurs qui pâtissent de conflits fonciers et doivent céder la place aux touristes et aux chasseurs.

La région du Serengeti, au nord de la Tanzanie, est mondialement connue pour la richesse de sa faune sauvage, qui attire chaque année des milliers de touristes et de chasseurs. Cette terre est également, depuis toujours, celle des Masai, non moins célèbres éleveurs semi-nomades qui vivent entre le Kenya et la Tanzanie.

Dans son rapport Perdre le Serengeti, la terre Masai qui devait durer pour toujours, publié jeudi 10 mai, le Oakland Institute s’alarme des conflits générés par la compétition autour de l’usage de cette vaste plaine. Le think-tank californien, qui travaille notamment sur les conflits fonciers, a mené trois ans de recherches sur la zone de Loliondo, au nord-est du Serengeti.

Sa conclusion : un long processus entamé à l’époque coloniale a provoqué une limitation drastique des terrains accessibles aux Masai. Une tendance renforcée par le tourisme, avec le développement d’aires protégées (le parc national du Serengeti n’est plus habitable depuis les années 1950), de zones réservées aux safaris ou aux lodges, contrôlées par l’Etat ou par des sociétés privées et qui n’offrent plus assez de surface aux Masai pour faire paître leur troupeau ou cultiver des parcelles de terres, affirme-t-il.

La faim, les maladies, un climat de peur

« L’accès à leur terre ancestrale rétrécit encore et encore, au lieu que leurs droits sur elle soit reconnus par le cadre légal », déplore la fondatrice et directrice exécutive du Oakland Institute, Anuradha Mittal. Elle souligne par ailleurs que les conséquences de ce processus sont « la faim, les maladies mais aussi l’instauration d’un climat de peur » au sein des villages dans lesquels les membres d’Oakland Institute se sont rendus, en raison des conflits générés par l’usage des terres.

Le rapport dénonce ainsi des menaces et des brutalités dont les Masai ont fait l’objet ces dernières années à Loliondo. Le dernier événement recensé date d’août 2017 : plus de 180 bomas (maisons traditionnelles) ont été détruites, des milliers de villageois déplacés et d’importantes pertes constatées au sein des cheptels.